Que ce soit avant ou après la révolution, des partis et des hommes politiques s’étaient investis dans des considérations et des objectifs sans grand intérêt, encore moins justifés. La logique peu inspirée a fait que le paysage tout entier n’en a aucunement profité. La preuve, il tourne encore et toujours le dos à la vie politique, à la vie tout court. Ce sont encore et toujours les idées qui manquent. Les initiatives et les stratégies aussi. Les volontés, les bonnes, assurément…
Pour Néjib Chebbi, dont les discours et les prises de position ces derniers temps choquent autant qu’ils déçoivent, les prochaines élections législatives n’auront pas lieu, dans le mesure où «elles seront boycottées par les forces politiques». Autre son de cloche complètement opposé : celui de Néji Jalloul, président de la Coalition nationale, et qui annonce que son parti déterminera prochainement, à travers son bureau politique, sa position définitive concernant les législatives. Cela ne l’empêche pas pour autant d’affirmer sur un ton catégorique et sans équivoque «qu’il est contre la politique des chaises vides».
Il faut consentir que, depuis 2011, la plupart des partis politiques avaient pris l’habitude de miser sur une conjonction immédiate de facteurs souvent peu favorables, en tout cas point accommodants et jamais de bon esprit.
C’est, malheureusement, la réalité de ces partis et de leurs dirigeants qui n’ont jamais pu accéder à un palier supérieur. Attrayants au début, mais pas suffisamment disposés par la suite, ils ont fini par sombrer et se contenter de faire de la simple figuration.
Il faudrait aussi se rendre à l’évidence que les différents acteurs ont besoin aujourd’hui d’agir de manière bien différente que celle préconisée jusque-là. Le changement du paysage politique, que les Tunisiens attendent impatiemment, devrait nécessairement passer par davantage de responsabilisation et d’engagement, à l’égard de tout ce qui touche le quotidien des Tunisiens. C’est toute une vision non seulement politique, mais aussi économique et sociale qui a besoin aujourd’hui d’être réformée, des principes et des valeurs à restaurer, des sillons à creuser, des pistes même à revisiter.
Ce qui y est demandé, c’est une exigence de tous les instants. Un savoir-faire, mais aussi un savoir-vivre.
Même si des réserves ont été émises sur la nouvelle loi électorale et même si l’on considère que le décret portant amendement de cette loi impose, selon les opposants du Président de la République, «des conditions insurmontables aux candidats qui veulent se présenter aux législatives», ou encore qu’il ne garantit pas «le respect du principe de parité», les partis politiques qui ont déjà annoncé le boycott des élections législatives auraient certainement mieux fait de défricher plus loin dans leurs réactions et tendre vers des positions plus efficientes.
Il faut dire que ce soit avant ou après la révolution, des partis et des hommes politiques s’étaient investis dans des considérations et des objectifs sans grand intérêt, et encore moins une réelle justification. La logique peu inspirée a fait que le paysage tout entier n’en a aucunement profité. Un paysage qui tourne encore et toujours le dos à la vie politique, à la vie tout court.
Quand on voit Noureddine Bhiri protester, une bouteille d’huile végétale à la main, contre les poursuites engagées contre Rached Ghannouchi et son vice-président, Ali Laârayedh, on se dit qu’il n’y a pas que cela. Ce sont, en effet, encore et toujours les idées qui manquent. Les initiatives et les stratégies aussi. Les volontés, les bonnes, assurément… Le pire est que les différentes parties prenantes ont vraiment le sentiment d’avoir raison. Leur appréciation de la situation leur paraît juste. Mais, le problème est que chacun est convaincu qu’il a raison tout seul !…
Le fait qu’ils ont oublié leurs repères ne devrait pas pour autant, empêcher des partis politiques bien particuliers de rebondir. On se souvient encore que l’une de leurs principales vertus était sans doute l’aptitude à se remettre en question. Cette tendance constitue cependant une rareté dans le milieu, surtout en cette période où ça ne rigole pas tous les jours.
Pour cette raison, nous pensons que la plus grande épreuve à laquelle ils sont confrontés tourne autour de l’impératif de ne plus évoluer sur le même statut, notamment celui qui a trait aux polémiques, mais plutôt revendiquer une vraie identité politique qui génère des rapports responsables et engagés.
Tout cela pourrait, de toute évidence, aider à apaiser un climat de plus en plus tendu et conflictuel, du fait des enjeux et des pressions de tous bords.
Le contexte actuel devrait soulever une réelle prise de conscience et entraîner une mobilisation de tous les instants. On espère que tout cela fera chaud au cœur de tous les plus avertis, les plus honnêtes. Et pourquoi pas servir même de message à tous ceux qui ont, d’une manière ou d’une autre, porté atteinte à la vocation de l’action politique, à ses principes et à ses valeurs.